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« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(Luc.10.25-37)

Au travers de la parabole du bon Samaritain, Jésus veut nous enseigner un élément fondamental de la vie chrétienne : l’amour résume l’intégralité de la loi.
La question initialement posée à Jésus est : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (v.25) et la réponse de Jésus est très troublante : « Comment lis-tu ? » (v.26)

Quand nous lisons « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » comment le lisons-nous ? Est-ce pour nous une occasion à saisir pour gagner des points auprès de Dieu ? Notre prochain n’est-il alors qu’un prétexte ? Est-ce que l’acte que je pose vis-à-vis de lui le concerne plus qu’il ne me concerne ? Comment lisons-nous « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ? »

L’exemple que Jésus prend dans la parabole pointe du doigt la mauvaise lecture de celui qui l’interpelle. Qui, dans la société contemporaine du Christ, étaient les plus à même d’être les représentants de la loi de Dieu ? N’était-ce pas les prêtres et les lévites ? Autrement dit, qui étaient les plus qualifier pour répondre à la question : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? », n’était-ce pas les prêtres et les lévites ? Pourtant, qui passèrent à côté de l’homme laissé pour mort ?

Bien sûr, le prêtre comme le lévite pourraient répondre à Jésus « Il est écrit en Nom.19.16 qu’il est interdit de s’approcher d’un mort sous peine de nous rendre impurs pendant 7 jours ! Nous n’avons fait qu’obéir à la loi ! » (Cf. v.30)

Voilà donc pourquoi Jésus pose la question « Comment lis-tu ? »
Celui qui interpelle Jésus a bien compris le sens de la parabole. Il a bien compris que ce qui imprègne chaque lettre de la loi c’est l’amour ; qu’aucun des 613 commandements ne pouvait se comprendre sans être rempli d’amour pour Dieu et son prochain. Il a également compris que le prêtre et le lévite, se cachant derrière une mauvaise lecture de la loi, ont agi contrairement à ce que cette dernière exigeait d’eux.

Et nous, comment lisons-nous : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ? Avons-nous, nous aussi, préparé des excuses ? Qu’est-ce qui peut bien nous empêcher d’aimer notre prochain ? D’autant qu’en Matthieu 5, Jésus ne se limite pas à l’inconnu pour parler du prochain, il dira : « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimerais ton prochain et tu détesteras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt.5.43-44).

L’invitation de Jésus, dans notre texte, ne se limite pas à aimer notre prochain, mais à l’aimer comme nous-mêmes. Cela signifie qu’avant d’aimer l’autre, nous puissions poser un juste regard sur nous.

Quel doit-être ce regard ? Dois-je me dire « Comment peut-on ne pas m’aimer ? Je suis juste irrésistible ! » pour pouvoir aimer les autres ? Si j’estime que je dois d’abord m’aimer avant d’aimer mon prochain, alors je ne finirai jamais de m’aimer et je n’aurai pas le temps d’aimer mon prochain … Jésus ne nous invite pas à « nous aimer nous-mêmes » mais uniquement à poser le juste regard sur nous-mêmes.
Qui sommes-nous réellement ? Il est écrit ceci : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2Co.5.17). Voilà ce que nous sommes réellement : Une nouvelle créature. Un être racheté de Dieu. L’objet même de la grâce suprême de Dieu ! La raison de Jésus sur la croix.

Comment aimer l’autre comme « moi-même » ? En voyant l’autre comme Dieu me voit. Est-ce que j’estime que Jésus a eu raison de mourir pour moi ? Oserais-je prétendre que Jésus aurait tort de mourir pour celui que je n’arrive pas à aimer ? Oserais-je également prétendre que l’autre doit mériter que je l’aime ?
Lorsque Jésus enseigne au disciple à aimer leur ennemi (Cf. Mt.5.43-44), il leur rappelle qu’aimer n’a jamais été une question de sentiment, mais un choix, un engagement devant Dieu. Car Dieu m’a aimé alors que j’étais son ennemi, qu’est-ce qui peut bien m’empêcher d’aimer à mon tour mon ennemi ?

Nous n’avons pas le temps d’étudier toute la difficulté de cet engagement. Mais si déjà nous prenons conscience qu’il n’existe aucune raison valable de ne pas aimer, nous pouvons alors demander à Dieu de nous aider. Mais si nous partons du principe que, non, il ne mérite vraiment pas que je l’aime, alors qu’est-ce que Dieu peut encore faire pour nous ?…

Prenons bien conscience d’une chose, lorsque l’on refuse d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, nous refusons de porter sur l’autre le regard que Dieu porte sur nous. En agissant ainsi, nous ne nous rendons pas coupables envers un petit commandement de la loi, mais contre la loi tout entière de Dieu : « Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? : Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ton intelligence. C’est là le grand commandement, le premier. Un second cependant lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. » (Mt.22.36-40).

Jésus n’est pas en train de dire « Si vous ne devez retenir qu’un commandement voici lequel » mais plutôt : « si vous voulez comprendre et accomplir l’entièreté de la loi, vous devez la lire au travers d’un amour entier pour Dieu et pour votre prochain. »

J’aimerais conclure en nous posant la question : Comment lisons-nous « Aime ton prochain comme toi-même » ? Lisons-le-nous comme le prêtre ou le lévite ou avec le regard du Christ ?

Fabien BOTTES

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