« Ou bien méprises-tu la richesse de sa bonté, de sa tolérance et de sa patience, faute de reconnaître que la bonté de Dieu doit te conduire à un changement radical ? »
Lorsque l’apôtre Paul s’adresse à l’Église de Rome (Rom.2.4), il met en avant un point fondamental de l’un des attributs de Dieu le plus connu : l’amour.
Si aujourd’hui, lorsque nous parlons de l’amour de Dieu, c’est avant tout pour retirer toute culpabilité, l’apôtre Paul en fait un autre usage. Il est vrai que Jésus n’est pas venu sur cette terre pour condamner, mais pour sauver. Cependant, comme le rappel Paul, quelques lignes plus haut, le salut en Jésus Christ implique inexorablement le jugement de Dieu (Rom.2.3).
Si l’amour de Dieu se manifeste, c’est afin de répondre à la réalité qui le précède : le jugement.
L’apôtre Paul épingle ici un comportement assez hypocrite. Certains estiment correct de juger ceux qui ne connaissent pas Dieu et d’aller jusqu’à les condamner à la place de Dieu. Cependant, l’apôtre leur rappel cet élément indispensable que je paraphraserais ainsi : « Toi qui connais Dieu, ne crois pas que sa bonté à juste pour but de soulager ta conscience ! Elle est là avant tout pour te conduire au changement radical, à la repentance ! »
Ceci implique deux conséquences. Tout d’abord, la repentance n’est pas que pour les non-croyants. En tant qu’enfant de Dieu, nous vivons sous les bienfaits de cette repentance qui nous conduit, jour après jour par la bonté de notre Dieu, à nous éloigner de tout ce qui n’est pas à sa gloire. Car c’est bien au monde que Paul oppose l’attitude des croyants (cf. Rom.1.24-25).
La repentance, ce n’est pas une fois à notre conversion, elle œuvre chaque jour en nous. Cela doit nous aider à ne pas culpabiliser à outrance. Notre conversion n’est pas une fin en soi, mais le début d’une nouvelle vie. Une nouvelle naissance qui laisse place à la croissance et à l’apprentissage. Il ne s’agit pas de devenir saint en un clin d’œil et d’avoir intérêt à le rester. La conversion est plutôt une collaboration entre le Sauveur et le sauvé. Une œuvre qu’il entame et qu’il mènera à terme en nous faisant habiter avec lui dans les cieux.
On peut donc encore passer par la repentance même en tant que croyant. Car si Dieu, dans sa bonté, prend patience envers nous encore aujourd’hui, c’est afin de nous donner l’opportunité, par sa puissance, de changer.
Ensuite, la réponse de Paul nous conduit à considérer la bonté de Dieu sous le bon angle. Dieu n’est pas un infirmier qui vient mettre de la pommade là où ça fait mal. Si le pardon de Dieu doit effectivement retirer tout effet destructeur de l’ennemi au travers de la culpabilité, il vient cependant nous conduire à faire un pas de plus.
Jamais Jésus ne nous encourage à faire le Yo-Yo. Quand on pèche, on vient vers lui, on attend qu’il nous dise « ce n’est pas grave » puis on s’en va comme on est venu, mais la conscience soulagée pour recommencer quelques temps après.
Si notre Dieu est bon, c’est parce qu’il prend patience dans un but bien précis : notre changement. Autrement dit, la bonté de Dieu sans changement de notre part nous conduit au v.3 : « Comptes-tu donc, toi qui juges ceux qui pratiquent de telles choses et qui les fais toi-même, échapper au jugement de Dieu ? »
En conclusion, nous devons alors comprendre que le salut accordé par Jésus n’est pas un soulagement de notre conscience, mais une transformation radicale de notre être. Si notre Dieu est riche en bonté, c’est parce qu’il prend patience lorsque nous tombons. C’est parce qu’il ne nous enfonce pas davantage lorsque nous nous noyons.
Mais ce qu’il attend, c’est que nous changions. Si Dieu ne se lasse pas d’attendre, nous devons cependant nous rappeler la réalité du jugement qui tombera sur le monde.