Introduction : quelques histoires vraies
Usain Bolt : le sprinter, celui qui a une musculature à faire trembler tout athlète. Il se prépare pour ses adieux ; c’est la dernière course ; il faut une médaille de plus pour compléter un incroyable palmarès. En pleine ligne droite son ischio jambier le lâche. Il est percuté en plein vol et il quitte le stade en larmes sur une civière ; la course de trop, des adieux loupés, malgré une carrière époustouflante.
Est-ce que ta course à toi, c’est te préparer pendant 6 mois pour un sprint de 12 secondes ? Et puis plus rien… Est-ce que nous sommes au bon endroit ? Au bon moment ?
Est- ce que ton rêve c’est le marathon de New-York pour lequel tu te prépares pendant deux ans, où toute ta famille se serre la ceinture pour que tu te paies le voyage ?
Un marathon que tu ne commenceras pas parce que tu es sans force le jour J, abattu par une épidémie de gastro dans l’hôtel que tu avais réservé. Est-ce que tout cela en valait bien la peine ? Parce que même si tu l’avais couru ce foutu marathon, quand tu serais revenu les yeux pleins d’étoiles, n’aurais-tu pas tremblé devant cette lancinante question ? Et maintenant, après quoi je cours ?…
Yohann Diniz : un marcheur français a mis sa santé en danger ; il s’est retrouvé à l’hôpital avec un pronostic vital réservé. En tête du 50 km de marche aux jeux de Rio avec une confortable avance, il craque sous les coups de butoir de la chaleur. Il titube, il refuse d’arrêter, n’écoute ni ne veut entendre les conseils du médecin de l’équipe de France ; il est dans un état second, il ne maitrise plus ses besoins ; il dira pendant son séjour aux soins intensifs : « C’est le sport, je ne voulais pas abandonner ».
Est-ce cela qu’on te demande ? Est-ce qu’acheter de meilleures godasses, prendre un petit coup de doping, les nouveautés technologiques dernier cri te transforme en une meilleure personne ? Tu veux gagner quoi ? Quelques secondes ? Ce que tu cherches, c’est ta propre gloire ? Est-ce après cela que tu cours ?
Une autre histoire d’un ami, d’un ami médecin. Il raconte : « J’étais en état de grâce un jour et j’ai fait un super chrono ; chaque fois que je recours maintenant, je veux améliorer ce chrono mais j’arrête, j’abandonne, quand je vois que je ne sais plus reproduire ce temps. »
Ce sont des témoignages anodins bien entendu, mais. Pour nous, avant tout, il s’agit d’images.
Ici, l’image pourrait être : se battre avec son passé m’empêche d’envisager le futur ; je dépense toute mon énergie en fonction de luttes dans lesquelles Dieu n’est plus. Il te dit ce matin, mon frère, ma sœur, après quoi tu cours, je ne suis plus dans ce combat-là ; je suis plus loin, je suis ailleurs…
Quelques petites histoires de stars du sport ou d’anonymes comme vous et moi et pourtant tant de questions, tant de comparaisons déjà.
Ne te dis pas ; ok mais moi je suis tranquille, je ne suis pas un coureur…
Non, effectivement. Mais peut-être, es-tu un accro des jeux vidéo, un adepte fou des séries TV, un collectionneur invétéré de poules en porcelaine, un passionné des sous-marins allemands de la seconde guerre mondiale, un fou furieux de la culture Bio. Que sais-je encore ?…
Posons-nous cette même question : après quoi je cours ??
La Parole nous enseigne ce qu’est courir avec le Seigneur. Vous allez voir, cela peut se révéler interpelant, cela peut bouleverser nos façons de faire, cela peut impacter notre style de vie.
Quatre idées-forces :
La première, on pourrait la présenter comme suit : ne te trompe pas de course : cours celle que le Seigneur a prévue pour toi. « Moi, donc, je cours, mais non pas à l’aventure ; je donne des coups de poing, mais non pas pour battre l’air. » 1Cor.9.25
Face à des difficultés, chacun a sa façon de réagir. Certains se débattent tous azimuts, n’en finissent plus de tenter par tous les moyens de s’en sortir ; ils changent leur plan sans arrêt. Le fait d’être en mouvement perpétuel aide sans doute à ne pas regarder en face la réalité de la situation. Cela permet peut-être d’atténuer les griffes de la carrosserie mais est-ce que nous osons ouvrir le capot et regarder au moteur ?
D’autres, à l’opposé, sont habités par le fatalisme ; ils se laissent persuader que tout est foutu, que le Seigneur les a abandonnés, que les bénédictions, c’est uniquement pour les autres. Alors, je pleure, alors je me mets en colère, alors… alors… Je m’occupe en fait de deux choses : moi-même et moi-même.
Ne nous leurrons pas : un jour ou l’autre chacun d’entre nous aura vécu au moins une de ces deux attitudes.
La première vérité, la première question que nous avons à nous poser lorsque nous sommes dans la tourmente, dans les problèmes, c’est celle-ci : est-ce que le Seigneur veut que je vive ce combat-là ?
Est-ce que le Seigneur est toujours présent dans les circonstances que je vis ? Ou bien ne m’attend-t-il pas ailleurs ? N’est-il pas, lui, à l’étape suivante ?
Parfois, admettons-le, nous ressassons encore et encore les mêmes tourments, les mêmes émotions, les mêmes raisonnements. Ce verset de la lettre aux Corinthiens n’est pas anodin. Est-ce que je ne ressemble pas à un boxeur qui frappe des poings dans le vide ? À un coureur qui ne sait pas vraiment pourquoi il court ? À une personne qui ne sait peut-être pas que faire de sa vie ?…