« Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. » Mat.18.3-5
« Alors on lui amena des petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains et priât pour eux. Mais les disciples les repoussèrent. Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Il leur imposa les mains, et il partit de là. » Mat.19.13-15
Personne n’est indifférent au regard d’un enfant, à la frimousse d’un enfant, au côté désarmant d’une de ses remarques, à son infinie capacité d’adaptation. Nous avons certainement lu et entendu mille fois cet épisode qui est même devenu un classique dans le monde.
Il y a quelques jours, je me suis arrêté vraiment sur ces deux moments pour me, vous poser la question mais pourquoi ? En quoi devrions-nous "redevenir" ou "rester" des enfants ?
Car les enfants au temps de Jésus et nos enfants terribles d’aujourd’hui ne sont pas quand même pas pareils !!! Pourtant, jamais nous ne remettons en cause cela. Ces versets sont dans nos pensées et dans nos cœurs ; on les identifie comme « normaux », ne dirait-on même pas dire « banals » ??
Je vous propose donc de faire un court voyage en compagnie de cet enfant qui occupe une place particulière dans le cœur de notre Jésus. Un voyage en trois escales.
1. Candeur et humilité
Nous avons tous été confrontés à une question d’enfant disons interminable car alimentée d’incessants pourquoi. Ils dépassent de loin une volonté inébranlable de comprendre.
Ces questions sont souvent cantonnées dans une certaine logique, leur logique, celle qui nous échappe parfois et à laquelle nous opposons souvent la logique… rationnelle d’adulte.
Mais ce n’est pas une question de rationalité, c’est une question de candeur en fait. Un enfant peut vraiment croire à des choses qu’il ne voit pas, qu’il ne connaît pas parce qu’il a un regard d’enfant, un regard qui se nourrit par une imagination débordante. Notre foi ne pourrait-elle pas s’en inspirer ?
Pourquoi devrions-nous tout comprendre ? Tout expliquer ? Tout contrôler ? Tout maîtriser ? Ne devrait-on pas aussi envisager notre relation au Seigneur avec cette disponibilité d’enfant, cette faculté incroyable d’être emmené dans un univers différent, qui nous dépasse même. Nous voulons tellement trop faire entrer nos enfants dans des cases, la case du bon élève, la case de l’enfant obéissant, la case de l’enfant qui ne pose jamais de problème, la case de l’enfant-écran devant qui on s’extasie même parce qu’il sait à 5 ans manipuler des objets dont vous ne saviez même pas qu’ils existaient.
Mais accueillir un enfant tel qu’il est demande beaucoup plus. Et Jésus quelque part nous demande cela d’accueillir et d’être accueilli comme un enfant libre peut nous le faire ressentir.
Lorsque nous disons : oui, Seigneur, je crois. Pouvons-nous le dire avec humilité, avec la candeur d’un enfant qui vient juste se blottir dans les bras de son Père ?
Peux-tu faire cela, maintenant ?
2. L’enfant – éponge
C’est un concept, un fait que nous oublions souvent à de très mauvais moments. Un enfant est une éponge émotionnelle. Il ressent dans son être intérieur tout ce qui se passe autour de lui.
Il saura même avant vous si vous êtes triste, fâché, en danger, joyeux, réceptif. Il va s’adapter à toute une série de circonstances tellement plus vite que nombre d’entre nous. Il suffit de voir leur attitude dans la pandémie, leur résilience lorsque leur milieu de vie se trouve dévasté, leur endurance dans une situation de précarité terrible. Nous avons beaucoup à apprendre de cela.
Et si nous transposions cette énorme qualité à notre relation au Saint Esprit ? Et si nous apprenions à nous adapter à cette « voix », à ce ressenti, à cette injonction bizarre, à cette gêne persistante. Si nous obéissions sans poser de question à cette demande, si nous répondions à ce visage qui revient tout le temps devant nos yeux, si je priais en fonction de Lui, de ce qu’il nous dit, nous transmet. Est-ce qu’il n’existe pas une grande similitude entre la relation de l’enfant au monde qui l’entoure et notre relation avec le Saint Esprit qui habite en nous ?
Ce n’est pas une affirmation, juste une question. Une question dont je n’ai que des embryons de réponse. Mais en regardant juste en arrière, je me rends compte des nombreuses occasions ratées car je n’ai pas pu ou pas su ou pas voulu entendre ? Parce que j’ai été incapable d’absorber comme une éponge le rendez-vous que Dieu me fixait à travers l’Esprit.
Et toi ?
Ne doit-on pas redevenir cette éponge que nous avons été ?
3. La figure d’attachement
Peut-être avez-vous été confrontés dans votre vie à des enfants qui ont vécu de terribles événements, des mômes qui ont subi des épreuves nauséabondes, des êtres fragiles qui se sont vu rangés au rang de faire-valoir, d’objets sans valeur.
Je ne veux pas donner d’exemple concret car cela nous rendrait directement tristes, affligés, émus et ce n’est pas le but de cette réflexion. L’angle que je voulais mentionner est celui de la figure d’attachement.
Un enfant, pour incroyable que cela puisse paraître ne perd jamais les liens initiaux avec la figure d’attachement. Boris Cyrulnik qui est une sommité dans la matière l’a expliqué de manière magistrale. Quels que soient les dommages, les sévices qu’a pu subir un enfant, il ne perd pas la figure d’attachement. Il reste en quelque sorte soudé envers et contre tout à son père ou sa mère. Cela ne l’empêche pas de construire d’autres relations qui deviendront d’autres figures d’attachement mais il garde en lui un lien.
Cette force m’a beaucoup interpelé, beaucoup questionné. Est-ce que j’ai en moi cet indestructible socle d’attachement à mon Dieu ? Cette crainte de Dieu, ce respect adorant ? Cet amour indéfectible ? Cet amour d’enfant envers son Père céleste ?
De nombreuses questions, certes. Des questions dérangeantes peut-être. Un moment de pause entre toi et Lui. Pourquoi pas ?
Méditons sur ces versets si simples, si anodins presque. Ils sont parfois le départ d’un chemin inattendu que je voulais partager avec vous, avec toi.